À Pierre Dubrunfaut
et une pensée vers Patrick Mathé
à cause des petits harmonicas
Jadis, en 1981, j'étais en corps jeune, je rencontre un drôle d'oiseau. Un flamand bleu d'Ostende qui chantait et qui chantent toujours. J'ai eu la chance qu'il m'offre un peu de son temps pour discuter avec lui et qu'il me transmette dans l'humilité sa passion pour le blues. Il m'a appris beaucoup ! Cette nuit d'hiver là, après un concert de T.C Matic dans une salle d'église paroissiale en Flandre de Belgique, nous parlons de tout et de rien... du poète Dusan Matic, de Ian Curtis de Joy Division, du pourquoi il est intrigué par les mots comme Mama, Papa, Lala... du bon beurre normand, du positif avec le négatif qui donne l'électricité pour faire la musique pour la tête et le cul ensemble, cette électricité de la vraie Musique de la vie, d'Howlin' Wolf, du Captain Beefheart, du tango argentins, d'Edith Piaf... Puis d'un coup, alors que bien avant nous avions déjà parlé de sa passion pour le blues, il me fixe bien droit dans les yeux et me lâche "...toi, tu devrais écouter Willie Dixon ! Ce qu'ensuite j'ai fais bien vite et j'ai compris pourquoi en écoutant Red Little Rooster ! Puis il enchaine en me parlant de son harmonica qui me confie être pour lui le prolongement de son zizi et qu'il adore Sonny Boy Williamson qui jouait de l'harmonica pour servir son blues. En fait on doit écrire ça au pluriel : qui jouaient de l'harmonica car il y a eu deux Sonny Boy Williamson joueurs d'harmonica et bluesmen. Le premier a qui on offre gamin à Noël un harmonica, plus tard il compose et enregistre dés 1937, notamment cette année là Good Morning School Girl que The Yardbirds et Eric Clapton revisiteront en studio & en concerts en 1964, mais aussi Suzy-Q, Frigidaire Blues (cela ne s'invente pas !), Voodoo Voodoo, Decoration Day Blues et Baby Please Don't Go. Le second, on lui doit Eyesight To The Blind (Roland Van Campenhout et Arno Hintjens en feront une excellente reprise sur l'album Charles & les Lulus), Bring It on Home en 1963 que Led Zeppelin reprennent six ans plus tard sur leur second album, aussi Nine Below Zero titre que les musiciens du bluesman Irlandais Rory Gallagher après son décès, adopterons pour continuer sous ce nom à enregistrer des disques et donner des concerts.
Aujourd'hui, 37 ans plus tard, je revois encore au moins deux fois l'an encore et toujours ce foutu chanteur de flamand bleu d'Ostende et jamais il ne m'a déçu, pas une fois ! Sacré Arno Hintjens et rhénondiouss'ed mahouse quand il prend son putain petit harmonica !...
Christian-Edziré Déquesnes.